- allégrement
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• alegrament 1252; de allègre♦ D'une manière allègre, avec entrain. ⇒ vivement. « Nous continuâmes notre voyage aussi allégrement que nous l'avions commencé » (Rousseau). « mes idées circulaient allégrement dans ma tête » (A. Gide).♢ Péj. Avec un entrain qui suppose une certaine légèreté ou inconscience. Il nous a allégrement laissés choir.I.⇒ALLÉGREMENT1, subst. masc.Rare. Action de rendre, devenir allègre; état qui en résulte :• 1. Ce que vous me dites de votre santé m'afflige beaucoup. Si jeune, si spirituelle et si courageuse, vous avez en vous-même un cordial puissant, qui doit fortifier, ranimer sans cesse. Si l'affection sincère d'un ami, l'intérêt d'un cœur paternel peut aussi être un allégrement, veuillez l'accepter, Mademoiselle, et croire que je vous suis bien dévoué.J. MICHELET, Journal, 1848, p. 607.• 2. ... Une allégresse vive et neuve, l'amertume et l'étonnementDe ces jours affreux jadis.Un allégrement parfait, la naissance de profonds désirs.Rien de dur pourtant ou d'efforcé; un sentiment tendre et humbleQui console et qui pénètre, une réfection mystérieuseP. CLAUDEL, La Ville, 2e version, 1901, I, p. 423.• 3. Vial, empreint de sécheresse, obstiné des pieds à la tête, se refusait sans paroles à toute compréhension, à tout allégrement.COLETTE, La Naissance du jour, 1928, p. 56.Étymol. ET HIST. — 1848, supra ex. 1 (les ex. du XXe s. pourraient être des néol. dus à la recommandation de LITTRÉ concernant l'emploi du verbe corresp.).Dér. de allégrer; suff. -ment1.BBG. — THOMAS 1956.II.⇒ALLÉGREMENT2, adv.A.— [S'applique à un comportement hum., en partic. à la démarche, à l'expression] De manière allègre (cf. allègre A 2) :• 1. Je grimpais allègrement, fiévreusement comme un fou ...E. et J. DE GONCOURT, Journal, août 1854, p. 144.• 2. ... un souffle frais traverse la route. Bernard, qui marche allégrement, lève la tête, soulevé par tant de jeunesse et de foi.R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, pp. 25-26.Rem. Syntagmes fréq. marcher, courir, monter, gravir, grimper, porter, sauter, danser allégrement; monter les marches, gravir l'escalier —; dire, répondre, crier, siffler, chanter —, ...— Au fig. Cf. allègre B :• 3. Il semble au dire de Montaigne (éducation des enfants) que l'éducation et l'habitude peuvent faire des hommes toujours sereins, gais, heureux, dispos en toute rencontre, faisant aisément les choses les plus difficiles, portant allégrement le poids des affaires les plus épineuses. Mais cette heureuse disposition d'esprit tient bien plus au tempérament et au caractère qu'à l'étude et à l'éducation.MAINE DE BIRAN, Journal, 1815, pp. 94-95.• 4. Je me sens l'esprit très dispos; mes doigts sont agiles et ne retardent pas ma pensée. (...) Mardi dernier, de même, j'étais « brillant ». Je veux dire que mes idées circulaient allégrement dans ma tête et que je ne tentais d'en formuler qu'une à la fois.A. GIDE, Journal, 1902, p. 126.• 5. Une petite rente l'avait mené jusqu'aux soixante-quinze ans qu'il portait allégrement.A. CAMUS, La Peste, 1947, p. 1313.— Fam. Avec insouciance. J'allais me fourvoyer allégrement.B.— P. ext. [Appliqué au comportement d'un animal, d'une machine mue par l'homme] Le cheval trotte allégrement, la voiture grimpe allégrement cette pente :• 6. ... un air de victoire plane sur le champ des combats. Chacun tient la tête haute. Les blessés ont le sourire. Les canons tirent allégrement.Ch. DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Appel, 1954, p. 36.Prononc. ET ORTH. :[
] ou [all-] (pour [l] simple et [ll] double, cf. allègre). Cf. allégement.
Étymol. ET HIST. — 1252 « avec entrain » (Prière à Dieu et à la Vierge, Ars. 3645, f° 3 r° ds GDF. Compl. : E je te servirai certes alegrament).Dér. des formes anc. de allègre; suff. -ment2.STAT. — Fréq. abs. litt. :173.BBG. — BÉL. 1957. — THOMAS 1956 (s.v. allégrement).ÉTYM. 1252, alegrament; de allègre.REM. La graphie allègrement est admise par l'Académie depuis 1975.❖1 D'une manière allègre, avec entrain. ⇒ Vivement. || Marcher allègrement (allégrement). || La voiture aborde allègrement la côte.1 Nous continuâmes notre voyage aussi allégrement que nous l'avions commencé.Rousseau, les Confessions, III.2 Mardi dernier, de même, j'étais « brillant ». Je veux dire que mes idées circulaient allégrement dans ma tête (…)Gide, Journal, 5 févr. 1902.3 Tandis qu'il s'engageait allégrement dans la ruelle obscure, un souffle généreux le souleva de nouveau (…)Martin du Gard, les Thibault, II, I.♦ Porter allègrement son âge : jouir d'une bonne santé et d'une grande vigueur dans un âge avancé.2 Fam. et par plais. Avec un entrain qui suppose une certaine légèreté ou inconscience. || Il nous a allègrement ruinés.❖CONTR. Indolemment, lentement, paresseusement.
Encyclopédie Universelle. 2012.